La ville du sourire
Je ne sais pas combien de fois je l'ai déjà dit, mais pour ceux qui ne l'ont pas encore compris, j'adore Bangkok, ici, même Tom Cruise est plus petit. Ou plutôt, Virginie et moi avons trouvé nos marques dans cette ville et nous nous y sentons à l'aise. Ou plutôt nous nous y sentions bien. Ah, oui, l'imparfait de l'indicatif. Il fallait qu'on y fasse un tour pour se rafraichir les idées. Et puis Kuala Lumpur, ca m'avait un peu donné de mauvaises habitudes. Donc, un saut de puce et nous voila de nouveau dans les odeurs de Bangkok. C'est vrai que ça pue. Pas la schlingance appétissante du dourian oublié, pas la polution parisienne qui file la sinusite, non. C'est des bouffées de végêtation luxuriante pourrissant dans une eau stagnante et chaude, avec le caoutchouc brûlé des pneux surchauffés, le mélange deux-temps pour tondeuse (quoique les touctoucs semblent marcher à l'essence normale) et des tas de choses difficiles à identifier.
On s'y fait très vite, mais c'est là qu'on voit qu'il y a des degrés dans la puanteur. Pour l'intensité, je mettrais Jakarta avec Saigon au plus bas de l'égout et Kuala Lumpur avec Londres en haut. Quelque part au milieu, les puanteurs très différentes de Paris ou de Bangkok. Ah maintenant pour la qualité de l'odeur, je préfère les villes asiatiques. Tiens, juste pour rire, le code de Bangkok, c'est BKK, et celui de Kuala Lumpur c'est KUL. Cela me donne de quoi occuper mes enfants pendant des heures. Quoiqu'Elise commence à avoir des exigences en matière de jeux de mots (devant le magazin d'Estée Lauder, elle m'a dit qu'il fallait tester l'odeur de tous les parfums...)
Je commence à voir la différence entre les deux villes en demandant le tarif à un taxi... nous optons pour le bus. On m'a dit que c'était à côté de Siam. Renseignement pris, l'hotel que m'a réservé la compagnie est sur Silom Road, qui est quand même franchement plus au sud.
Enfer et Damnation
Un bus nous y emmène. Nous sommes les seuls passagers. La fille des billets joue avec Jean pendant quelques minutes puis part faire un calin au chauffeur. C'est très sympa, ils vont nous arrêter à la bonne rue qu'ils ont repérés sur notre plan. On roule longtemps, très longtemps dans ce vieux bus tout branlant. Puis on réveille tout le monde, nous sommes arrivé à Saladaeng Road. Bon, à pied, je me trompe trois fois de chemin avant de comprendre le plan. Les noms de rue sont écrit essentiellement en vermicel, clé à molette, spermatozoïde, et les traductions en anglais varient d'un bout à l'autre de la rue. Sinon, c'est un peu comme Londres ou Kuala Lumpur, les numéros de rues et les noms des rues sont un peu folklorique (la Jalan Segambut 38/1, n'est ni à côté de la Jalan Segambut, ni à côté des Jalan Segambut 38/2 38/3 et 38/4, elle prolonge la Jalan 50/1. Si si, Jalan tout court, ce qui veux dire "rue". De même, le numéro 56 de Silom road, n'est pas sur Silom road directement, mais dans une ruelle qui part entre le numéro 62/2-4 et le 62/5-7. Amusant, non?)
Donc, nous voici donc tous les cinq à dix heures du soir en train de chercher un hôtel qu'on m'a soi-disant réservé. A côté de Pat Pong. Le quartier le plus mal famé de la planète. Un bébé endormi, un enfant à chaque main, nous voila en train de se faufiler entre une pute, un travesti, une pute, un travesti à la recherche d'un hotel. Un coupe gorge... cent metres dans le noir et nous voila au pied d'un hotel "luxurious" : le Chin House. Recommandé par le guide des hotels pour les chinois (tu m'étonnes). Il est effectivement luxurious, comme le prix d'ailleurs que je découvre car la compagnie a oublié de financer cette joyeuse chose. Donc, je me retrouve raquetté de tout mon liquide par ces escrocs qui m'appliquent un taux de change ou ils se prennent 20%. 100$ la nuit ! ben ils ne s'embêtent pas les salauds, et à ce prix là, j'ai un grand lit pour nous cinq, hahaha et le petit déjeuner pour 1. Mais j'ai une cuisine entièrement équipée au cas où, je ne sais pas moi, j'ai envie de mettre le bébé au micro-onde. Bon, dès le lendemain, on se casse et on retourne dans nos quartiers préférés, à côté du Chatuchak parc, du week-end market, à 15$ la nuit avec tous les lits qu'il faut. Et nos masseuses nous reconnaissent, et les gens de l'hotel, et la boutique de café en face.
Enfin, en vrai, je suis super content d'être de retour à KL, c'est vraiment chez moi maintenant.